Incendie du Fremantle Highway :  Les charges contre les voitures électriques diminuent

Incendie du Fremantle Highway : Les charges contre les voitures électriques diminuent

Le Fremantle Highway, un cargo de 18 500 tonnes, était parti du port allemand de Bremerhaven pour rejoindre Port-Saïd en Egypte. Immatriculé au Panama et acheminant quelque 3 000 véhicules (dont une cinquantaine de voitures électriques), le navire a pris feu à une trentaine de kilomètres au nord de l’île néerlandaise d’Ameland.

L’équipage a tenté d’éteindre le feu lui-même, malheureusement sans succès. Une personne est morte dans l’incendie (plusieurs ont été blessées) mais les autres membres de l’équipage ont été secourus par hélicoptère.

Des pompiers spécialisés avaient été appelés de Rotterdam mais le feu s’est développé si vite qu’il n’a pas été possible de les laisser monter à bord. Le navire fut alors remorqué et acheminé à terre pour une enquête approfondie qui commence seulement à clarifier quelque peu les causes du sinistre.

Si la raison précise de l’incendie du Fremantle Highway n’a pas encore été officialisée, la piste des véhicules électriques semble être écartée malgré pas mal de rumeurs qui avaient circulé dès l’annonce de l’accident. En effet, les opposants farouches aux véhicules électriques en tout genre, relayés par une bonne partie des médias, ont saisi à pleines mains la perche tendue. Avec plusieurs véhicules électriques à son bord, il semblait « évident » que l’un d’entre eux soit à l’origine de l’incendie du cargo panaméen ! De récentes expertises montreraient cependant que l’incendie qui a ravagé ce grand navire transportant 3 784 voitures neuves à son bord n’a probablement pas été causé par une batterie de voiture électrique.

Car selon certains experts, les incendies de voitures dotées de batteries électriques ne sont, a priori, pas plus fréquents ou dangereux que ceux de voitures à essence. C’est notamment le cas de l’Association nationale de protection contre les incendies (NFPA), l’organisme américain spécialisé en la matière, pour qui l’ « emballement thermique » qui peut se produire dans les batteries lithium-ion n’est pas nécessairement la raison du sinistre.

Information, prévention, …

Le transport maritime des véhicules en général pose cependant problème et l’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA) avait recommandé en 2022 d’entraîner les marins et d’identifier les voitures à essence ou diesel avec des autocollants, par exemple, pour les identifier au plus vite dans les cales par rapport aux véhicules électriques en cas d’incident. L’EMSA recommande également de ne charger les batteries des véhicules électriques qu’entre 20 et 50 % seulement de leur capacité : au-delà, le risque d’incendie augmente. Les batteries au lithium des voitures électriques contiennent en effet un liquide inflammable et peuvent prendre feu si elles sont trop chargées, souffrent de défauts de fabrication ou sont soumises à des températures trop élevées.

Actuellement à quai à Eemshaven, aux Pays-Bas, le cargo livre dès lors ses premiers secrets. Une récente inspection a permis de montrer que les ponts inférieurs sont pratiquement intacts et que les conteneurs dans lesquels étaient stockés les véhicules électriques sont restés en bon état. En revanche, les ponts supérieurs, sur lesquels il n’y avait pas de voitures électriques sont particulièrement endommagés. Dans la foulée, l’IUMI (International Union of Marine Insurance) précise d’ailleurs que les risques pour transporter des véhicules électriques ne sont pas accrus ou plus dangereux que pour les véhicules thermiques.

Un incendie provoqué par un véhicule électrique s’apparenterait-il donc à un mythe ? Historiquement, un seul incident à bord d’un navire a officiellement été attribué à un modèle électrifié. Il s’agit d’un ferry ayant pris feu à cause d’un Qashqai qui était en train de recharger sa batterie à bord.

Dans cet esprit, en 2022, le Conseil de sécurité des transports (NTSB) et le Bureau des statistiques des transports (BTS) avaient semble-t-il prouvé que les voitures thermiques étaient nettement plus susceptibles de prendre feu que les électriques mais les incendies des modèles électriques ont été beaucoup plus médiatisés que ceux des thermiques… De quoi entretenir encore un peu plus la polémique !

Nous pouvons cependant déterminer clairement à ce stade que les batteries des voitures électriques ne provoquent pas plus d’incendies que d’autres marchandises mais qu’elles s’avèrent, en cas de d’accident, nettement plus difficiles à éteindre car elles risquent de brûler plus violemment et de se rallumer spontanément de manière inopinée pendant une plus longue période.

La bataille d’experts ainsi que celle entre « pro » et « anti-mobilité électrique » continuera au gré des arguments de chacun, espérons que la transparence et la bonne foi soient de mise avant de nous en informer du résultat !

Quant à elles, les compagnies d’assurances spécialisées attendent les conclusions officielles et des statistiques fiables pour adapter leur politique et leurs tarifs en la matière… Wait and see !

Pierre-Henri De Vigne

 

 

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